Cette citation constitue en fait un tweet réponse du Docteur Bernard Salengro (@BSalengro) Expert confédéral CFE-CGC pole santé au travail, Médecin du travail et Président d'honneur du Syndicat de la santé au travail, aux propositions de Muriel Penicaud (Ministre du travail) et Agnes Buzyn (Ministre de la Santé) concernant une nouvelle mission sur la santé au travail confiée au représentant syndical Jean françois Naton (Conseiller confédéral CGT secteur travail-santé) remplacé par Henri Forest (ex CFDT) suite au retrait de la CGT; à la députée Charlotte Lecoq et à la personnalité qualifiée Bruno Dupuis (ex Conseiller santé au travail au Ministère du travail et Senior Advisor chez Alixio). Les deux ministres attendent de ces personnalités un état des lieux de la santé au travail ainsi que des propositions dont les conclusions sont attendues au 31 mars 2018, mission recadrée par une lettre du premier ministre qui en attend des propositions pour finalement au 30 avril 2018 ; cette mission intervenant en complément de la mission confiée au Professeur P.Frimat (Responsable du service de médecine du travail et des pathologies professionnelles, Professeur de médecine du travail au CHRU de Lille, vice-président de Lille 2, Président de l'ISTNF et Président du conseil scientifique de l'ANSES) sur les risques chimiques.
Mais à la base de toute la nouvelle réforme de la médecine du travail issue de la loi travail 2016 dite de modernisation de la médecine du travail entrée en vigueur début 2017 n'y avait-il pas le fameux rapport "Issindou" ou groupe de travail "aptitude et médecine du travail" établi principalement par Michel Issindou (Député Isère), Christian Ploton (membre de la DRH groupe renault) et Sophie Quinton-Fantoni Professeur de Médecine du travail au CHRU de Lille, ainsi que des membres de l'inspection générale des affaires sociales.
Bien sûr, toutes ces personnalités précédemment citées sont d'éminents spécialistes dans leurs domaines respectifs, leurs compétences sont légions et personne ne pourra remettre en question leurs valeurs scientifiques ou techniques. Certains d'entre eux sont des enseignants à la faculté de médecine, ils nous ont même enseigné toute la pathologie professionnelle en amphithéâtre mais pourquoi les médecins du travail comme nous qualifiés "d'hommes et de femmes de terrain" ne sont jamais associés de façon pertinente et opérationnelle à ces missions ni d'ailleurs associés comme collaborateurs aux cours de médecine du travail (coté pratique et activités de terrain) dispensés aux étudiants. Pourquoi justement la médecine du travail n'est-elle pas dispensée et pensée par des gens qui la pratiquent ?
Autre constat récemment à la Maison de la Chimie le 13 février 2018 (information rapportée par notre ami Gabriel PAILLEREAU par son article du 15 février sur EPHYGIE), la 8ème édition des rencontres parlementaires pour la santé au travail qui ont bel et bien regroupé des invités de qualité mais très peu ou pas de responsables de services de santé au travail ou de médecins du travail pourtant acteurs privilégiés et parfois exclusifs en santé au travail; il y avait surtout et bien sûr des représentants des services RH, les incontournables représentants des organismes institutionnels (INRS, ANACT, CNAMTS, CNAM, CRTD...) certes professionnels de haut niveau mais n'appartenant pas au monde de la santé au travail; Professeur Paul FRIMAT (en charge d'une mission sur les risques chimiques) et figure incontournable à classer parmi les références en médecine du travail (émettant quand même quelques réserves) et bien sûr les représentants des organismes finançant la manifestation (Assurances, Laboratoire pharmaceutique, Autres Enseignes...); le tout sous la co-présidence de la députée du nord Charlotte Lecoq (en charge de la nouvelle mission sur la santé au travail comme précédemment indiqué) et aboutissant à de beaux monologues, des pseudo-débats ou les rares spécialistes (les vrais) qui osaient poser des questions pertinentes se faisaient gentiment recadrer pour des soit-disant questions de timing.
Afin d'être honnête avec Madame la députée, nous avons consulté son éclairage publié par les éditions Tissot le 14 février où elle y aborde les objectifs de la mission ainsi que la méthodologie basée entre autres sur 2 ou 3 ateliers participatifs (avant et après des auditions auprès d'administrations et d'organisations syndicales...) dédiés aux acteurs sur le terrain (médecins du travail, ergonomes et bien sûr ARACT...) ! Mais est-ce suffisant comme collaboration sur terrain, va-t-on justement vraiment concrétiser cette volonté d'une dimension participative essentielle à une réelle adhésion aux réformes envisagées ?
Au total, je demeure convaincu que les médecins du travail ainsi que tous les vrais professionnels de la santé au travail sont insuffisamment consultés voire absents ou même exclus des évènements censés apporter des éléments utiles à l'amélioration de leur pratique quotidienne abandonnée aux mains de gens qui ne l'ont jamais pratiquée; les réformes inadaptées aux besoins réels de la santé au travail se succèdent au terme de nouvelles missions confiées à des personnalités de qualité mais n'appartenant pas au monde de l'entreprise et de la réalité professionnelle du terrain; et rien de nouveau ni de révolutionnaire de prévu à l'horizon et sous la férule de cette nouvelle majorité.