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" La Gazette du Médecin du Travail "
4 octobre 2011

Les TMS en secteur tertiaire : nettement sous-déclarés en Tunisie, Pourquoi ?

stat_ATMP_France2010Les TMS (Troubles musculo-squelettiques) constituent le premier problème de santé d'origine professionnelle dont souffrent les travailleurs de l'Union Européenne. En Tunisie comme en France, les TMS  sont en nette progression chaque année (+ 5,7% de 2009 à 2010 en France). En Tunisie : Au niveau des Statistiques de la CNAM (Caisse d'Assurance Maladie), ils sont aussi en première position quand à la Répartition  des Maladies Professionnelles selon la nature des pathologies, en effet en 2009 (sur 764 Maladies Professionnelles déclarées) la Répartition était la suivante : 42% de TMS, 28% de Surdité Professionnelle, 16% de Maladies Respiratoires, 8% de Maladies Dermatologiques et 6% d'autres maladies et que vous retrouverez sur le lien PDF suivant : stat_ATMP_Tunisie et même si l'on est loin des 78,7% représentant la part des TMS parmi les Maladies Professionnelles dénombrées en 2010 en France, les conclusions demeurent identiques : les TMS prennent au fil des années une importance alarmante en terme de souffrance et de charge économique et constituent indéniablement la première cause de Maladies Professionnelles.

En Tunisie, les affections périarticulaires provoquées par certains gestes et postures de travail sont indemnisées dans le cadre du Tableau n°82 des Maladies Professionnelles (équivalent du Tableau n°57 en France). Ce tableau comprend : les Tendinopathies de la coiffe des rotateurs; les Epicondylites, Epitrochléites; l'Hygroma des bourses séreuses; le Syndrome de la gouttière épitrochléo-olécranienne; au niveau main doigt poignet :les Tendinites, Ténosynovites et le Syndrome du Canal Carpien ainsi que le Syndrome de la loge de Guyon; au niveau des membres inférieurs : le Syndrome de compression du nerf sciatique poplité externe, les Hygromas, les Tendinites sous-quadricipitale ou rotulienne, de la patte d'oie et achiléenne et les lésions du ménisque à caractère dégénératif avec leurs complications.

Dans le cadre de ma pratique quotidienne en particulier en secteur tertiaire, les TMS les plus rencontrés sont d'abord le syndrome du canal carpien (en particulier chez les femmes) puis certaines épicondylites et tendinopathies de la coiffe des rotateurs (plus fréquemment chez les hommes). Les intéressés sont généralement des utilisateurs de clavier d'ordinateur qu'il s'agissent d'opérateurs sur écran classique ou de consoles de télécommunication. Malheureusement la majorité de ces cas ne sont pas déclarés en tant que Maladie Professionnelle et je me suis toujours posé la question du pourquoi de cette sous-déclaration en secteur tertiaire, ce dernier vu le développement important des T.I.C devrait être logiquement grand pourvoyeur de TMS à déclarer comme Maladies Professionnelles. Ma petite enquête personnelle et mes observations auprès des salariés ont aboutit aux conclusions qui suivent :

D'abord une première raison primordiale : le manque manifeste d'information des salariés qui ignorent cette démarche, en effet beaucoup de travailleurs ne connaissent pas du tout cette notion de Maladies Professionnelles, seule la notion d'Accident du Travail étant d'actualité y compris même chez les employeurs ; mais aussi un manque de réactualisation des connaissances médico-légales de leurs Médecins Traitants qui négligent généralement cette procédure ou qui ne la proposent pas à leur patient. Dans la plupart des cas, je ne fais que constater un Canal Carpien déjà pris en charge, opéré et consolidé ce qui rend la procédure de déclaration difficile après coup. Seconde raison et de toute façon, même les cas de TMS que je dépiste moi même et que j'ai pu adresser à un Médecin Spécialiste se sont avérés par la suite non ou mal déclarés, le patient lui même bien qu'informé soigneusement par mes soins néglige ou omet de compléter cette déclaration à la caisse d'assurance ou tout simplement refuse de le faire pour des considérations personnelles (et cela même si je procède moi même à la déclaration de cette Maladie Professionnelle en rédigeant un CMI que je remets au salarié).

En analysant le comportement personnel de ces salariés du secteur tertiaire (patients dont j'ai eu connaissance) sur ces non déclarations, j'aboutis encore une fois aux conséquences  d'un certain système de Santé adopté en Tunisie et particulièrement par la CNAM. En effet, les Maladies Professionnelles (MP) sont prises en charge en totalité par la CNAM (prestations en nature et en espèces), cependant cette prise en charge des frais de soins n'est valable en intégralité que lorsque le patient choisit le système des hôpitaux Publics ; s'il choisit le secteur Privé dans le cadre de cette Maladie Professionnelle, le remboursement ne sera effectué que conformément à un Tableau de remboursement de prestations lequel il faut l'avouer n'a rien d'intéressant par rapport aux autres tableaux offerts par certaines assurances groupes de la place. En somme, le salarié qui déclare un TMS comme Maladie Professionnelle et opte pour des soins dans le secteur Privé en choisissant lui même son Médecin serait très mal remboursé à long terme.; l'assurance groupe ne prenant pas en charge les accidents du travail et les maladies professionnelles, il préfère donc ne pas déclarer sa maladie professionnelle ou parfois même son Accident du Travail (AT) et se faire rembourser presque en intégralité les frais engagés à ce titre par son assureur quitte à présenter des arrêts de travail pour Maladie Ordinaire au lieu de AT/MP à son employeur, en particulier lorsque son état de santé nécessite des explorations coûteuses, un acte chirurgical et des suites opératoires complexes.

Me basant sur le fait que presque la totalité des MP déclarées à ce jour en secteur tertiaire sont des TMS, qu'au niveau de mon expérience personnelle, je n'ai enregistré que 4 déclarations de TMS comme MP sur une population hétérogène de 3000 salariés du tertiaire durant 3 années, alors que toutes les enquêtes s'accordent à avancer des plaintes musculo-squelettiques assez importantes chez les travailleurs sur écran, à titre d'exemple : l'enquête au CHU de Sousse 2008 (Tunisie) chez les secrétaires médicales (opérant sur des terminaux à écran) évoque 25% de Syndromes du Canal Carpien suspects chez ces opératrices et 80% de plaintes pour cervicalgies; Il est donc clair que le nombre de cas de TMS parmi les Maladies Professionnelles avancé par la CNAM en 2009 (soit 320 cas) est bien optimiste à mon avis et qu'une bonne partie des TMS ne sont pas déclarées en secteur tertiaire en Tunisie et je préjuge qu'une bonne partie de ces TMS déclarés à la CNAM proviennent essentiellement de différents autres secteurs (confection en particulier, cuir et chaussures, électronique,...) et ce en l'absence de données statistiques concernant la répartition de ces TMS par secteur d'activité portées à ma connaissance.

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Commentaires
M
Bjr je suis surprise par cet article : la maladie pro m'a été refusée pour une épitrocléite drte avec libération nerf alors que je travaille toute la journée sur ordi
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  • Expert International Santé Sécurité au Travail Ergonomie et Médecin du Travail, je partage la Législation, mon expérience au quotidien et interviens en Conseil auprès des entreprises, cabinets d'expertise, organisations internationales, gouvernements et UE
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