Prise de Tension Artérielle au Service Médical du Travail

La prévalence de l’Hypertension Artérielle est assez élevée dans le monde ; en France cette prévalence tourne autour de 31% (tout âge et sexe confondus), en Tunisie aussi : 30% pour la dernière grande enquête de 2005, cette prévalence augmente bien sûr avec l’âge. Parmi les hypertendus, seulement un peu plus de la moitié (52%) en France et (40%) en Tunisie en auraient connaissance. Il est donc toujours recommandé de procéder à des mesures systématiques et l’exercice de la Médecine du Travail permet au moins tous les 2 à 3 ans si ce n’est de façon annuelle de faire le point sur les nouveaux cas d’Hypertension Artérielle dans l’entreprise par le biais des Visites Médicales Périodiques.

Au niveau de mon Service de Médecine du Travail, outre les registres réglementés et le fichier classique et manuscrit des dossiers médicaux du personnel, nous disposons d’une application informatique qui gère la totalité du Service de Médecine du Travail (infirmerie, dossiers médicaux en intégralité, visites médicales, convocations, périodicité, accidents du travail et soins etc.…) , ce qui me permet d’avoir des statistiques en temps réel des différentes pathologies enregistrées au sein de l’entreprise. Ainsi à ce jour la prévalence de l’Hypertension Artérielle connue (déclarée ou découverte par la Médecine du Travail) chez les salariés de l’entreprise pour la zone du Grand Tunis est de 13.6% (1556 salariés du secteur tertiaire suivis sur la zone du Grand Tunis) ; au niveau régional les salariés sont pris en charge par des Groupements de Santé au Travail, je n’ai donc pas accès à des chiffres fiables. De toute façon, ce chiffre me semble très sous-estimé et nettement en deçà des statistiques nationales et internationales.

Toujours au sein de notre Service Médical, les infirmiers du travail offrent aux salariés la possibilité de mesurer leur Tension Artérielle à tout moment de la journée et ce quelque soit le motif. Nous avons enregistré sur une année (2009) 354 prises de tension spontanées ayant concernées 105 salariés du Grand Tunis. Parmi cette population de demandeurs : 30% sont des hypertendus connus ; 13% ont demandé à prendre leur Tension Artérielle pour un motif de vertiges et effectivement il s’agissait d’hypertendus méconnus (ils ont été orientés vers leur Médecin Traitant ou en Cardiologie) ; les 57% restants présentaient une Tension Artérielle Normale et leurs motifs de prises de Tension étaient très variables : encore des vertiges, une céphalée, une asthénie ou même aucun motif préalable (22% des cas).

Aussi, à cause de ces différents résultats je suis d’avis à toujours encourager les demandes de mesure de la Tension Artérielle au sein du Service Médical du Travail même si parfois le motif n’est pas réellement avoué par le salarié et même si cette prestation peut parfois perturber l’organisation du Travail au niveau du Service Médical ou au pire agacer le personnel médical ou paramédical débordé par d’autres activités plus urgentes ou périodiques essentielles. Bien sûr, il est clair que si une réticence est constatée chez certains salariés pour accepter leur Hypertension Artérielle (découverte à la Médecine du Travail ou ailleurs) et se soumettre à un traitement par le biais de leur Médecin Traitant, une certaine fermeté de la part du Personnel du Service Médical du Travail sera alors recommandée pour ne pas tolérer « indéfiniment » de prendre la Tension Artérielle de façon périodique ou au pire quotidienne à un même patient réticent au traitement et qui espère à moyen terme une normalisation spontanée de ses chiffres tensionnels par des mesures répétées et inutiles ; des mesures d’éducation sanitaire sous forme de conseils et de mures explications seront alors plus opportunes pour convaincre ces patients du bénéfice à long terme d’un traitement institué au plus tôt pour toute Hypertension Artérielle.