Insuffisance Rénale Terminale et Aptitude Médicale au Travail : Quelles solutions à long terme ?
En tant que Médecins du Travail, nous sommes confrontés en entreprise et au quotidien à de nombreux cas d'insuffisances rénales chroniques à un stade terminal de dialyse. Beaucoup parmi ces salariés sont relativement jeunes (entre 40 et 50 ans) période supposée d'activité maximale aussi bien sur un plan social, familial que professionnel.
Ces travailleurs sont condamnés à sacrifier en moyenne 3 après-midi par semaine pour des séances de dialyse (épuration extra-rénale) de 4 heures chacune au moins bouleversant ainsi tout leur emploi du temps professionnel ; de rares cas ont opté pour le régime du plein temps au travail en choisissant de ne pas exercer leurs droits à l'invalidité dans le cadre d'une ALD (Affection Longue Durée) et en réservant leurs séances de dialyse pour la nuit (en nocturne à partir de 22h) afin d'optimiser leurs revenus financiers; mais comme la législation a heureusement prévu ce type de situations pour tout salarié atteint d'une maladie grave au sens du 3° et du 4° de l'article L.322-3 du Code de la Sécurité Sociale, la plupart se placent soit en situation d'aménagements de poste de type mi-temps thérapeutique (Invalidité type1) après accord ou proposition du Médecin du travail, soit enfin bénéficient d'absences autorisées (2 ou 3 fois par semaine selon le cas) au titre de l'article L122-24-5 du Code du travail prises sur leurs temps de travail avec indemnités compensatrices de perte de salaire (selon arrêté du 26/10/1995) pour le secteur privé ou sinon imputation sur congé de maladie de longue durée fractionnée au sein du régime des fonctionnaires.
Au final, ces salariés sont dans tous les cas éprouvés par une vie très mouvementée et rythmée par les séances de dialyse : 3 séances par semaine soit au moins 12 heures en tout, désignés comme "malades" sur leurs lieux de travail et dans le cadre de leur carrière professionnelle et surtout exposés au quotidien aux éventuelles complications ou décompensations de leurs maladies. A long terme, la seule véritable solution à envisager serait la greffe rénale et pourquoi pas à partir d'un donneur vivant; certains auront la chance d'avoir un membre proche de leur famille donneur compatible mais bien sûr ce n'est pas toujours aussi évident le don de rein du vivant étant une démarche complexe qui nécessite réflexion de la part du patient, de son entourage et du donneur potentiel.
Rien que durant l'année 2013, j'en ai perdu 2 des salariés suivis par mes soins dans le cadre de la Médecine du travail et au stade d'insuffisance rénale terminale sous dialyse et qui étaient en attente d'un donneur compatible, 46 et 53 ans, ils étaient pères de famille, en aménagement de poste (3 après-midi d'absence par semaine) et avec près de 20 années d'ancienneté dans la boite. Actuellement, j'estime que la greffe de rein à partir d'un donneur vivant, lorsqu'elle est possible, est le meilleur traitement de l'insuffisance rénale terminale. Elle reste encore trop peu connue du grand public mais se doit de devenir une solution envisagée pour le patient au même titre que la greffe à partir d'un donneur décédé ; en France cette greffe à partir d'un donneur vivant et qui offre de nombreux avantages se développe progressivement et il est possible de vivre avec un seul rein, une personne vivante, volontaire et en bonne santé pourrait donner un rein à l'un de ses proches dans les conditions définies par la loi.
En France, c'est l'agence de la Biomédecine (agence de l'état créée en 2004 par la loi de Bioéthique) qui gère, coordonne les prélèvements et les dons d'organes et assure 24h/24h la régulation, la répartition et l'attribution des greffons en France et à l'international. En octobre 2013, cette agence a lancé la campagne "un don de moi" concernant le don et la greffe rénale à partir d'un donneur vivant, toutes les informations y afférentes sont disponibles sur le site : www.dondorganes.fr
Voici une vidéo sur le sujet :
- Informations principales sur le don de rein de son vivant :
http://www.dondorganes.fr/018-pour-quels-malades-et-quels-benefices
http://www.dondorganes.fr/019-qui-peut-donner-de-son-vivant
http://www.dondorganes.fr/020-quelles-consequences-pour-le-donneur
- Vidéos de témoignages :
http://www.dondorganes.fr/165-mari-et-femme
- Questions / Réponses :
http://www.dondorganes.fr/186-questions-et-reponses-a-ecouter
http://www.dondorganes.fr/197-questions-et-reponses-a-regarder